C’est une histoire qui risque de coûter cher à son auteur. Un contrôleur basé à Lille fait l’objet depuis vendredi d’une mesure conservatoire après avoir publié fin décembre sur son compte Facebook une photo de lui faisant une «quenelle», dans sa tenue de travail. Un cliché pris en Belgique avec le téléphone mis à la disposition de l’agent par la SNCF et dans un environnement professionnel.
L’intéressé, un Lillois âgé d’une trentaine d’années, reconnaît les faits, regrette, s’est excusé, et affirme n’avoir laissé cette photo « que » 24 heures sur son profil, le 27 ou le 28 décembre, avant de la retirer.
Une fois alertée sur l’existence de cette photo, la sûreté ferroviaire (SUGE) a été mise sur l’affaire pour identifier le jeune homme. Rapidement confondu, l’agent a reconnu les faits, se serait excusé y compris par écrit, se défendant de toute connotation antisémite ou même antisystème à son geste. Il aurait expliqué être juste un fan de Dieudonné, reprenant l’explication selon laquelle Dieudonné a utilisé la quenelle une première fois en 2005 dans un sketch où, évoquant la bêtise des hommes, il met en scène un dauphin qui « quand il voit un homme. Il se fout de notre gueule ». « Le dauphin, sa nageoire, il va nous la foutre jusque-là », lance à son régisseur Dieudonné M’Bala M’Bala en mimant ce geste.
Sauf que ledit geste n’en reste pas moins extrêmement controversé. Dieudonné, qui se présente comme antisioniste et pas antisémite, réfute toute connotation raciste à la « quenelle » qu’il affirme antisystème. Mais Alain Jakubowicz, président de la LICRA, l’a décrit, lui comme « un salut nazi inversé » (Dieudonné M’Bala M’Bala poursuit Jakubowicz en diffamation pour cette déclaration).
Le geste a été popularisé à l’occasion de la campagne antisioniste lors des élections européennes de 2009. Sur l’affiche de campagne, Dieudonné effectue une quenelle aux côtés d’Alain Soral, idéologue d’extrême droite. À l’époque, Dieudonné expliqué que cette campagne visait à « glisser une petite quenelle dans le fond du fion du sionisme. »
Le contexte dans lequel la « quenelle » est réalisée joue aussi nécessairement et elle devient sans ambivalence quand elle l’est devant Auschwitz-Birkenau, une synagogue, ou l’école juive dans laquelle Mehra a assassiné un enseignant et trois enfants juifs.
Il n’y a pas cette dimension de gravité dans ce cas précis. Mais cet agent a toutefois eu une très mauvaise idée d’effectuer ce geste extrêmement polémique en tenue de travail et avec le téléphone de l’entreprise.
Pour l’instant il lui est infligé une mesure conservatoire, l’entreprise lui a imposé de prendre des congés. Ses outils lui ont été retirés et notamment sa pince de contrôleur. La SUGE va entendre les personnes dans son environnement et devrait se pencher sur le cas de la personne qui aurait pris cette photo. Pour une sanction ? Rien n’est déterminé………[lire la suite]
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